Morts d'errance - combien encore ?
Ils sont une trentaine. La mine grave. Ces Mongols se sont regroupés ce vendredi dans le salon d’un appartement de l'avenue de Pologne, à Rennes. Au coin de la salle, une urne funéraire trône. Plus loin, quelques bougies entourent une photo de Mingaltai, 34 ans, demandeuse d'asile, mère de deux enfants de 2 et 13 ans et d'un nouveau-né.
La jeune femme, enceinte, est décédée dans la nuit de dimanche à lundi, à l’hôpital Sud de Rennes des suites d'une longue maladie. Son corps a été incinéré à Montfort-sur-Meu ce vendredi. Son bébé a pu être sauvé. Il est né prématuré à six mois.
En marge de la cérémonie, ses amis ont tenu à expliquer les conditions du décès de Mingaltai, hospitalisée le 29 décembre. La communauté mongole rennaise est « sous le choc ».
"A Rennes, elle a vécu deux mois de galère"
Dzula, Rennaise depuis six ans, traduit les propos des amies de Mingaltai : « Nous voulons médiatiser cette histoire parce que les gens doivent savoir ce qui se passe. Les Pays-Bas ont expulsé Min et ses enfants alors qu’elle était malade. Nous pensons même que c’est ce qui a motivé son expulsion. Elle est alors venue en France, pensant arriver dans le pays des droits de l’Homme. Ici, elle se croyait en sécurité… »
Condamnée avant d'arriver en France, selon les dires des médecins rapportés par les proches, Mingaltai a finalement vécu « deux mois de galère ». Armelle, militante de l'association Droit au logement (Dal 35), raconte les dernières semaines de Min : « Elle s'est déclarée en préfecture comme demandeuse d’asile en novembre. Elle a alors reçu une convocation pour un rendez-vous deux mois plus tard... En attendant la date de son entretien, elle n’avait aucun droit, aucune aide… »
Elle a dormi à la rue
Le Dal pointe aussi l’attitude de la municipalité : « Nous nous sommes présentés avec Min et ses deux enfants en mairie, début décembre. Nous sollicitions une chambre d’hôtel ou un abri. L’élue de permanence a refusé de bouger... » A en croire ses proches, la mère de deux enfants a donc erré, deux mois durant, d’hébergement d’urgence en hébergement d’urgence. Elle aurait parfois dormi à la rue lorsqu'un membre de la communauté mongole ne pouvait l'héberger.
Dulam, une Mongole ex-squatteuse de la rue Postel, explique que « Min était de plus en plus fatiguée. C’était une mère de deux enfants, enceinte, qui ne cessait de courir dans Rennes pour trouver un toit. »
Le mari de Mingaltai, actuellement aux Pays-Bas, cherche à rejoindre la capitale bretonne. En attendant son arrivée, Dulam devrait s’occuper des enfants sous la surveillance des services sociaux locaux.